Co-piloter et structurer la recherche dans le domaine de la ville durable et des bâtiments innovants : telle est la grande mission confiée à l’Université Gustave Eiffel par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. En partenariat avec le CNRS, l’université a la charge du Programme et équipements prioritaires de recherche « Solutions pour la Ville Durable et les Bâtiments Innovants » (PEPR VDBI) destiné à structurer la communauté scientifique nationale sur cette thématique. « Le mandat qui nous a été confié est de faire en sorte que les équipes scientifiques coopèrent, identifient les questions à se poser et mettent en œuvre les recherches ensemble » résume Dominique Mignot, co-directeur du PEPR avec Gilles Gesquière (Lyon 2 - CNRS) et Jean-Yves Toussaint (INSA Lyon - CNRS). Financés à hauteur de 3 milliards d’euros dans le cadre du PIA4, les PEPR doivent permettre de lever les barrières et verrous scientifiques des principaux enjeux de transition socio-économique identifiés par le plan France 2030. Il en existe une quarantaine, adossés aux stratégies nationales d'accélération, comme le PEPR VDBI, ou exploratoires, afin d’« accompagner une transformation qui commence à émerger ».
Des appels à projets ambitieux
Officiellement lancé le 24 mai 2023, le PEPR VDBI bénéficie d’une enveloppe de 40 millions d’euros et s’articule autour de trois grandes actions. La première consistera à lancer deux appels à projets afin de répondre aux cinq défis à relever pour la mise en œuvre de la ville durable : le changement climatique, la résilience urbaine, une urbanisation sobre et frugale, une urbanisation inclusive et équitable, et une urbanisation durable assurant santé et bien-être. Les pilotes considèrent par ailleurs que d’autres défis liés à des problématiques émergentes restent encore à identifier. « Le premier appel à projets doit être publié cet été et ne sera pas fléché thématiquement : nous faisons le pari que les projets répondront à deux ou trois défis. Nous ferons ensuite un bilan et lancerons dans deux ans un 2e appel qui visera à combler les manques du premier » explique Dominique Mignot.
Avec ces appels à projets, les pilotes font également deux autres paris. Tout d’abord celui de la pluridisciplinarité : « Les questions de la ville durable ne peuvent être traitées par une seule discipline scientifique, assure le co-directeur. Les réponses aux appels à projets devront donc être portées par des consortiums associant laboratoires des sciences de l’ingénieur et des sciences humaines et sociales. Nous pensons qu’impliquer les SHS dès la formulation des hypothèses et des méthodes changera profondément la nature des projets. » En encourageant cette pluridisciplinarité, les pilotes ont par ailleurs comme objectif de favoriser la communication et la coordination entre les communautés scientifiques ainsi que la circulation des connaissances sur la transition des villes.
L’autre pari lancé est celui d’une recherche tirée par l’aval, c’est-à-dire qui répond aux questions des utilisateurs finaux : « Nous encouragerons ainsi les consortiums à intégrer les collectivités locales et les entreprises dans leur projet. Le but est d’identifier leurs besoins et de lever l’ensemble des verrous qui ne sont pas uniquement scientifiques et techniques, mais aussi organisationnels. »
Agir rapidement grâce aux centres opérationnels
La 2e grande action portée par le PEPR VDBI est la création de trois centres opérationnels : les CO « Système d’Information Ville Durable et Bâtiments Innovants » (SIVDBI), « Modelling Initiative for Sustainable City and Innovative Buildings » (MISCIB) et « Méthodes d’Évaluation des Scénarios d’Action Publique » (MESAP). « Nous estimons que ces trois domaines ont déjà fait l’objet de travaux permettant d’apporter rapidement de l’information et des méthodes aux chercheurs, aux collectivités et aux entreprises » explique Dominique Mignot.
Porté par l’Université Gustave Eiffel, le CO-SIVDBI est porté par Feriel Goulamhoussen. «Trois objectifs nous animent. D’abord recenser les données qui existent au sein des laboratoires et des collectivités, mais qui ne sont pas accessibles. Ensuite, les ouvrir au maximum afin d’apporter des données et des informations fiabilisées et qualifiées aux chercheurs, collectivités, entreprises et citoyens. Le dernier objectif est de proposer un service scientifique de haut niveau pour permettre au plus grand nombre de traiter, croiser et analyser ces données afin d’en tirer de nouvelles connaissances » détaille le responsable.
Enfin, la dernière action portée dans le PEPR consiste à animer la communauté scientifique, à valoriser les travaux des chercheurs, à confronter leurs méthodes et à favoriser le transfert de connaissances. « Dans ce cadre nous organiserons notamment chaque année une grande conférence ainsi que des ateliers thématiques partout en France » précise Dominique Mignot.
Co-piloter un PEPR : une reconnaissance
« Cette mission est une véritable reconnaissance de notre capacité à piloter de grands programmes de recherche » se réjouit Dominique Mignot. Bien que remarquable, cette responsabilité n’est pas unique, comme le souligne le co-directeur : « L’Université Gustave Eiffel est également co-pilote avec l’IFPEN d’un PEPR consacré à la digitalisation et la décarbonation des mobilités. » Ce second programme sera lancé d’ici la fin de l’année.
Vous souhaitez en savoir plus sur le PEPR et son organisation ? : participez au webinaire le mardi 4 juillet de 12h30 à 13h30.
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