« L’université a une longue histoire avec l’Oulipo » rappelle Virginie Tahar, maîtresse de conférences en littérature française et responsable du parcours Lettres, Création et Numérique. « Après le poète oulipien Frédéric Forte en 2015, c’est Eduardo Berti qui a été accueilli d’octobre 2022 à janvier 2023 pour une résidence d’écriture sur la littérature combinatoire organisée par la Mission Arts et Culture. »

Également auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, Eduardo Berti écrit en espagnol et en français. Depuis 2014, il est membre de l’Oulipo, groupe d’écrivains qui cherche à explorer, à travers textes et poèmes, les potentialités du langage en adoptant des formes d’expressions novatrices puisées dans les mathématiques. Pour son œuvre Balade Ballade, Eduardo Berti s’est notamment inspiré de l’ouvrage Cent mille milliards de poèmes du cofondateur de l’Oulipo Raymond Queneau et du travail du compositeur américain Paul Williams.

Faire entrer la poésie dans l’espace public

Pour réaliser ce projet poétique, Eduardo Berti a fait appel au graphiste designer Wanja Ledowski, spécialisé dans la signalétique de l’espace public et qui a notamment collaboré avec l’Inalco, la Maison du Vin de Bordeaux mais également avec des poètes oulipiens. « Comment marier l’œuvre poétique au contexte architectural ? C’est la question sur laquelle s’est penchée Wanja Ledowski pour ce projet, explique Virginie Tahar, chargée de la coordination de l’exposition. Parmi ses différentes propositions, nous avons retenu celle des panneaux suspendus car c’est celle qui s’intégrait le mieux à l’architecture du bâtiment Copernic. » La grande verrière du hall offre en effet un parfait support, sorte de toile aérienne sur laquelle sont venus se greffer les vers du poète comme autant de petits nuages.

Une œuvre poétique, ludique et accessible

Balade Ballade propose une poésie à la fois accessible et rassembleuse. La déambulation poétique s’apparente dès lors à une démarche engagée. Les visiteurs sont ainsi invités à se promener en toute liberté sous 39 panneaux versifiés au-dessus de leurs têtes : « la lune engendre le vent du nord », « un vieux souvenir renaît », « intensément », « séchant les larmes »… « Chacun peut décider de lire les vers dans un ordre ou dans l’autre, de les lire tous ou de n’en lire que quelques-uns » ajoute la maîtresse de conférences en littérature contemporaine. Une version numérique interactive de Balade Ballade invite également les internautes à générer aléatoirement leur propre variante du poème.

« La poésie est trop souvent perçue comme réservée à un public initié. En tant que chercheuse, je m’intéresse aux dispositifs littéraires dans l’espace urbain et nous avions à cœur de faire sortir la poésie du livre. D’ordinaire, les textes qui occupent les espaces publics sont fonctionnels ou publicitaires » poursuit-elle. Ces questions, les étudiants de 1re année d’IMAC (Image, multimédia, audiovisuel et communication) auront pu notamment les aborder pendant les cours d’écriture animés par Virginie Tahar et Eduardo Berti. « Lors de ces ateliers, ils ont créé leurs propres textes combinatoires. Leurs créations ont ensuite fait l’objet d’un projet tuteuré de 4 étudiants de deuxième année qui ont conçu une exposition physique et virtuelle à partir de leurs œuvres ». Combinant jeux, installations interactives et murs de mots, cette exposition a été présentée dans la bibliothèque Georges Perec à l’occasion du Printemps des poètes, du 13 mars au 7 avril 2023.
 

[Plus d’infos]

Site dédié à l’œuvre Balade Ballade

https://balade-ballade.univ-gustave-eiffel.fr

Combimac : site réalisé par les étudiants de la filière IMAC
https://combimac.oulico.fr
 

L’exposition Balade Ballade sur le site de la Mission Arts et Culture
https://culture.univ-gustave-eiffel.fr/galerie/patrimoine/balade-ballade