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Rencontre avec

Frédérique Mocquet : « Améliorer l’égalité entre les personnes »

Architecte, docteure en architecture et aménagement, et enseignante-chercheuse à l’EAVT, Frédérique Mocquet est engagée dans la lutte pour l'égalité.


En quelques mots, pouvez-vous vous présenter, vous et vos recherches ? 

Je suis architecte, docteure en architecture et aménagement, et enseignante-chercheuse à l’EAVT. Mes travaux de recherche réunissent plusieurs champs de l’histoire de l’aménagement et de l’urbanisme, de l’histoire de la photographie, et plus généralement de la culture visuelle. J’enquête notamment sur les manières dont les professionnels de l’aménagement mobilisent la photographie comme outil d’aide à la conception des politiques publiques et de leurs projets, en matière de paysage.

Vous êtes également engagée dans l'égalité, notamment dans la place des femmes dans l'architecture et la recherche.

Je ne suis pas spécialiste, et c’est en tant que personne et membre de l’université que je m’intéresse à ce sujet. J’essaie d’accompagner l’établissement dans sa réflexion pour la lutte contre les discriminations et les violences liées à l’origine sociale et ethnique, au genre ou à l’orientation sexuelle présumés. Notre référente Égalités, Maïwenn Dubois, fait vivre notre charte Égalités en veillant à ce que cette thématique soit présente dans la vie de l’école, via des réunions et évènements notamment. Elle anime aussi les Sentinelles, dont je fais partie, qui est un groupe d’enseignant.es, de personnel.les de l’administration et d’étudiant.es chargé d’une mission d’accueil et d’écoute des signalements de violences sexistes ou sexuelles (entre autres).

Quelles sont les inégalités que l’on trouve plus communément dans l’architecture ?

Les inégalités que l’on trouve partout dans la société, qu’elles soient évidentes, ou insidieuses. Je pense que l’architecture n’est pas un milieu à part. On peut citer par exemple les inégalités de carrière et la faible représentation des femmes dans les espaces publics de l’architecture. Je pense notamment aux prix, qui sont des indicateurs intéressants pour mesurer l’avancement, ou non, de la parité dans nos métiers. Depuis une dizaine d’années, les jeunes diplômés sont majoritairement de jeunes diplômées. Or, les prix récompensant la jeune architecture demeurent majoritairement « masculins » car les jeunes agences sont davantage montées par des hommes. Le collectif Architoo fait un travail très intéressant à ce sujet. 

Selon vous, que faudrait-il encore mettre en place pour améliorer l’égalité dans l’enseignement, la recherche et l’architecture ?

Vaste question ! Reconnaître collectivement que nous vivons dans une société inégalitaire, et qu’une partie de ces inégalités repose sur des critères construits de genre, serait déjà un grand pas qui n’est peut-être pas tout à fait franchi. Il faut aussi que tout le monde se sente concerné. La représentation est essentielle car c’est une question culturelle. Les sciences sociales, comme l’histoire, peuvent aider à objectiver et à représenter le problème. À l’école nous devons veiller à la parité dans la composition des jurys pédagogiques, et dans la composition des panels de conférences. Nous devons aussi nous préoccuper de cela dans les équipes enseignantes.

Quelles actions avez-vous mises en place au quotidien ?

Ces réflexions imprègnent mon quotidien d’enseignante. J’essaie de générer des espaces pédagogiques prenant en compte ces problématiques : Comment conscientiser les contraintes éducationnelles genrées que nous avons tout.es ancrées en nous ? Comment permettre à tout.es de s’exprimer, créer du collectif ? Cela modifie aussi le contenu des enseignements, et j’essaie par exemple de proposer un éclairage sur l’architecture entendue comme fait social. Nous organisons également au second semestre le cycle de conférences « Nouvelles histoires », qui nous permettra de découvrir comment d’autres histoires de l’architecture existent déjà pour nous aider à réfléchir.

Comment considérez-vous l’évolution de l’égalité dans l’architecture ?

Avec prudence. C’est une course de fond. Quand on communique sur les travaux des femmes, quand on compose des jurys paritaires, quand on respecte la parole de chacun.e, quand les étudiant.es portent ces thématiques avec nous, on agit à contre courant du statu quo, et on progresse donc dans cette course. 

Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste sur ces sujets ?

Optimiste, parce qu’il n’y a pas le choix et que c’est le meilleur moyen d’avancer. Je ne serais pas si optimiste par contre si je n’avais pas découvert autant de solidarités, et surtout de sororités, ces dernières années.

Portrait chinois :

Si vous étiez un bâtiment ? Le diorama de Charlotte Perriand et Fernand Léger pour le pavillon du ministère de l’Agriculture à l’exposition internationale des arts et des techniques de la vie moderne de 1937. Pour les montages photographiques politiques de Charlotte Perriand.

Un paysage ? Une vue sur l’eau émeraude du lac de Vouglans depuis son barrage, dans le Jura. 

Un matériau ? De la terre (c’est pratique, cela peut servir à bâtir et à cultiver).

Un outil ? Un appareil photographique.

Un livre ? Paysages avec figures absentes, de Philippe Jaccottet. 

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